Vous-même vous avez fait toutes les éditions de la régate tropézienne jusqu’à votre accession à la présidence de la société nautique, vous avez voulu que toute votre famille navigue, comment vous est venue cette passion pour la voile ?
Je suis un Breton de Saint-Malo. Enfant, j’étais fasciné par la ligne d’horizon qu’on voyait au loin sur l’océan. Et la meilleure façon, du moins la plus économique car on ne parlait pas encore d’écologie à l’époque, d’aller voir au-delà de cette ligne d’horizon, c’était la voile. De toute ma vie ensuite, je n’ai jamais trouvé de plus grand plaisir que d’être en mer, d’autant qu’on fait toutes sortes de rencontres en voyageant en bateau, c’est un apprentissage permanent.
La Méditerranée a la réputation de ne pas offrir les mêmes sensations que l’Atlantique pour les vrais navigateurs.
J’ai beaucoup navigué sur l’Atlantique, une de mes premières longues traversées remonte même à 1973. A l’époque je vivais et travaillais aux Antilles, et de ramener un voilier de Martinique à Saint-Tropez que j’ai découvert de cette façon : un charmant petit village que j’ai abordé par la mer, comme il faut encore aujourd’hui le découvrir. Au total j’ai fait une dizaine de traversées de l’Atlantique, et je peux vous dire que la Méditerranée en comparaison c’est une mer très compliquée, très dure, mettant à rude épreuve le sang-froid des marins, car la météo peut changer soudainement et de manière imprévisible. Je l’appelle une « mer casse bateau ». Les meilleurs marins français ou internationaux participent à nos régates.
Qu’est-ce qui a poussé un Malouin comme vous à succomber aux charmes de Saint-Tropez ?
D’une certaine façon, Saint-Malo et Saint-Tropez ont un air de ressemblance, dans le sens que l’un et l’autre sont des villages citadelles et que le port se trouve à l’intérieur même de la cité. C’est ce qui me fait aimer particulièrement la Ponche, mon endroit tropézien préféré, parce qu’on y sent physiquement la double présence de la mer et de la ville. La plage de la Ponche c’est en quelque sorte la presqu’île du village. Et puis, mes plaisirs maritimes se passent aussi sous l’eau, j’ai longtemps pratiqué la chasse sous-marine, maintenant je me contente d’admirer les poissons en plongeant en apnée, ce qui est très agréable en Méditerranée où l’on voit le fond à 10 ou 12 mètres de profondeur.
Pierre Roinson, le président de la Société nautique, qui organise la 25e édition des Voiles de Saint-Tropez, du 28 septembre au 6 octobre.©Stéphanie Davilma pour Les Echos Week-end
Vos lectures et vos voyages ont-ils été guidés eux aussi par cette passion pour la mer ?
Tout à fait. Mes destinations favorites lui sont étroitement liées. J’ai beaucoup aimé les Antilles des années 1970, on échangeait un paquet de cigarettes contre deux langoustes, je convoyais des bateaux, mais aujourd’hui il y a trop de monde. La Corse, où j’ai travaillé, est un petit paradis sur terre, j’adore surtout le nord de l’île. J’ai eu aussi un coup de foudre pour le Mexique en rapatriant de Panama à Acapulco un bateau qui avait gagné la couse autour du monde. J’ai lu presque tous les récits de navigateurs à commencer par La Longue Route, de Bernard Moitessier. Il y a peu, j’ai refait l’itinéraire de Paul Signac, le peintre tropézien par excellence, à partir de son journal de bord, de Sète à Saint-Tropez, après avoir acheminé son bateau de Bretagne par le canal du Midi. Je vais faire la même chose avec Guy de Maupassant, parti de Monaco, et familier du bar de l’hôtel Sube à Saint-Tropez.
Vous vous passionnez aussi beaucoup pour l’architecture… des bateaux
Tout petit, je fabriquais des bateaux en planche chez ma grand-mère bretonne. C’est ce qui fait que je suis très fier d’avoir obtenu que notre société nautique soit, pour la deuxième année consécutive, le club challenger de l’America’s Cup où ce sont des prototypes, des nouveaux concepts, des monstres de technologie qui s’affrontent.
Là tout de suite, qu’est-ce qui vous ferait le plus plaisir ?
Evidemment que ces Voiles se passent bien, qu’on ait une bonne météo et surtout que les gens repartent heureux car pour moi la voile c’est la liberté et là que je suis heureux : je ne peux pas me passer de voir la mer une journée.
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Publish date : 2024-09-28 01:05:00
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